Très Grand Jury Parisien - Avec humilité et respect depuis 2002
Très Grand Jury Parisien - Avec humilité et respect depuis 2002
En ce vendredi 9 décembre 2011, la vip room du TGJP s’apprête à accueillir pour la neuvième année le petit Noël, dans l’humilité et le respect. L’évènement s’inscrit dans la tradition locale avec des foies gras et une oie rôtie. Cole K., à peine débarqué de Washington, via Milan, et peu adepte des gros grenaches de Châteauneuf-du-Pape, a fait réserver un joli plateau de Bandol 1998 (grandissime millésime). A 20h30 précises, on affiche complet. Le Bon Régent est entouré de Marie S., Cole K., Emmanuel T, Sylvain M., Laurent L., Olivier M. et votre serviteur.
Apéritif / World Series of the foie gras de canard + Montlouis Cossais 2004 et 2005 Volagré
Pas moins de trois candidats sont inscrits à ces World Series. Laurent L. présente un fleuron de l’industrie agro-alimentaire. Pâteux (le foie pas Laurent L.), il est écarté. Emmanuel T. a investi le meilleur de lui même dans sa terrine. Si la présentation laisse à désirer (façon puzzle une fois découpé), il trouve des supporters, alors qu’une minorité reproche à son auteur un certain manque de tempérance dans le dosage du cognac. Enfin, la production de Le Bon Régent met tout le monde d’accord, même si le sel y est sous-représenté. Tout un chacun s’accorde sur l’expertise de LBR et les progrès époustouflants enregistrés en moins d’un mois. L’accord avec les Cossais est des plus plaisants.
Le 2004 brille par sa tension, sa pureté et sa persistance. Le 2005 s’avère plus large en bouche, plus puissant mais pêche peut être à ce stade par un soupçon de sucre résiduel. Au final, il s’agit bien de spécimens particulièrement exceptionnels pour l’appellation, loin des standards des Taille aux Loups et autres Chidaine.
Before / risotto aux cèpes + Bandol Lafran-Veyrolles 1998 Longue Garde + Bandol Tempier 1998 Migoua + Bandol Gaussens 1998 Longue Garde
Le risotto délivre de puissantes effluves de sous-bois, un peu encombrantes pour les Bandol. Mais au jeu des effluves, les premiers Bandol – en magnum qui plus est – ne sont pas en reste. Le Lafran est bien malheureusement trahi par son bouchon. Pour le Tempier, ce dernier est mis hors de cause, mais le nez, quant à lui, relève clairement de la vieille serpillière. Le Gaussens ne connaît pas les mêmes maux, mais sa matière demeure très peu disante, ceci plus d’une décennie après sa mise en bouteille.
Main course / oie rôtie et farcie, poêlée de chanterelles, coings confits et purée de butternuts + Bandol Pradeaux 1998 + Bandol La Tour du Bon 1998 Saint-Féréol + Côte-Rôtie Jamet 1997 et 1998 + Hermitage Bernard Faurie 2003 Méal
L’oie fait son petit effet avec une peau aussi craquante que fondante. Le Pradeaux est d’abord loué pour son élégance, puis la noble assemblée convient qu’il manque un peu de densité, voire de persistance. Laurent L., qui s’est entretenu avec les Portalis, affirme qu’une seconde décennie lui sera nécessaire pour s’épanouir (le Pradeaux par Laurent L.).
Enfin, on termine la série avec la cuvée de La Tour du Bon. La bouche est brouillonne, marquée par une forte sur-maturité et au final peu amène.
Pour un petit Noël, la situation est critique. Elle est sauvée par un aller-retour cave pour extraire trois solides Rhône nord.
Les deux Jamet ont pour point commun leur authenticité (un poil rustique), leur équilibre (élégance/puissance) et des nez et des saveurs lardées extraordinaire. Le 1997 est très disponible, mais le 1998 bien qu’un peu plus austère semble aller plus loin.
On passe au plus méridional Bernard Faurie dans sa cuvée supérieure. C’est à nouveau délicieux avec une puissance remarquable et d’exceptionnelles saveurs de mûre.
L’heure de la désignation du successeur de LBR sonne. Le processus retenu par la commission électorale est aussi transparent qu’efficace : une roulette de tripot. Curieusement sur les 37 cases, plus de 25 sont ornées du visage patricien de LBR. Après 8 lancés impartiaux de billes, c’est à nouveau curieusement ce dernier qui est désigné pour gouverner de sa main de fer le TGJP et ceci au cours des cinq prochaines années. Plutôt que de crier inutilement au scandale, tout un chacun se presse de féliciter l’Elu. Bien qu’un peu déçu par les Bandol, Cole K. s’enorgueillit d’avoir fait 10 000 kilomètres pour recevoir une aussi haute leçon de démocratie, dans le plus pur esprit des Founding Fathers. Il nous indique qu’il est maintenant convaincu que pareillement gouverné, le TGJP sera se montrer digne en janvier prochain de la visite du spécialiste de Derrida et autres Foucault.
After / terrine au chocolat et sa purée de poivrons + Porto Grahams 1985 + Maury Soulanes 2006
La terrine s’avère diabolique. Mon voisin s’exclame : «on dirait de la truffe !». Après 26 ans de sommeil et deux traversées de l’Atlantique, le Porto affiche un nez violement bouchonné. Le Soulanes sauve la partie avec son élégance et sa douceur habituelle.