Très Grand Jury Parisien - Avec humilité et respect depuis 2002
Très Grand Jury Parisien - Avec humilité et respect depuis 2002
Thuriféraire de la pensée de Thérèse, Le Bon Questeur tient en ce vendredi 27 mai 2011 des propos sans équivoque : «je pense qu’il y a un temps pour prendre ses aises et un temps pour prendre sur soi.» Cette fulgurance annonce l’ouverture de pas moins de huit admirables bouteilles de Bordeaux du prestigieux millésime 1996. A 20h30, la vip room est surbooked. LBQ se voit entouré de Marie S., Bénédicte V., Antoine A., Olivier M., Emmanuel T., Jean-François D., Laurent L. et moi-même-personnellement (Pierre-Alain B.).
Apéritif / harengs à l’aneth, saumon fumé, anguille fumée et tarama sur canapés et blinis + Meursault Henri Germain 2004 Limozin + Chablis Dauvissat 1999 La forrest
Le Meursault ouvre les hostilités. Il reçoit un bon accueil, sans qu’aucun ne crie au miracle. La matière est parfaitement nette, droite, assez fraiche, assez large et assez longue. La Chablis de Dauvissat déçoit fortement, semblant relever d’un millésime difficile (maturité de raisin ?).
Before / risotto au safran et aux petits pois + Haut Médoc Sociando-Mallet 1996 + Pauillac Duhart-Milon 1996 + Pauillac Pontet-Canet 1996
Le risotto est goûtu et laisse les vins s’exprimer pour le meilleur comme pour le pire… Si le Sociando-Mallet affiche une des plus fortes concentrations de la série, sa bouche est aussi marquée d’une forte astringence et la finale réveille des saveurs de vieux bois. Le Duhart-Milon propose une matière élégante, quoique moins astringente mais surtout très courte. On s’achève avec le Pontet-Canet dont la netteté est immédiatement plus que mise en doute, mais le bouchon n’est pas incriminé (problème de bouteille ?).
Face à une telle série, tout un chacun convient alors qu’il prend vraiment sur lui. On vide le crachoir déjà débordant.
Main course / gigot rôti frotté à la sarriette et au piment d’Espelette, son gratin de blettes et son confit d’échalotes nouvelles + Saint-Julien Branaire-Ducru 1996 + Saint-Julien Léoville Poyferré 1996 + Saint-Julien Léoville-Barton 1996 + Saint-Julien Lagrange 1996 + Pessac-Léognan Haut-Bailly 1996
Le gigot est diabolique, le gratin très savoureux et les échalotes confites énormes. On s’attaque à la 2ème série. Mais, on vole toujours au raz des pâquerettes. Le Branaire-Ducru délivre d’intenses saveurs «exotiques» de caramel et de vanille. Les dégustateurs soulignent la verdeur et l’astringence de la bouche du Poyferré. Le Barton relève un peu le niveau mais sans grand éclat. On vide à nouveau le crachoir qui déborde à nouveau. On a alors hâte d’en finir. Le Lagrange demeure intensément boisé et ne révèle aucun charme. Enfin, le Haut-Bailly propose une des plus fines bouches, mais aussi une des plus acides de la soirée ainsi qu'une finale très faible.
La conclusion est alors sans appel. Ces vins aussi coûteux que mythiques, nés de terroirs sensément prestigieux, âgés déjà de près de 15 ans mais n’affichant curieusement aucune marque d’évolution, n’ont au mieux strictement aucun charme, au pire présentent des défauts impardonnables. Des résultats aussi affligeants peuvent être portés au passif du millésime mais aussi et très certainement d’un wine-making qui refuse toute authenticité (vignes «chimiques», rendements pléthoriques, usages de levures exogènes, osmoseur…) et s’en glorifie.
After / plateau de fromages italiens + clafoutis aux cerises + Sauternes Yquem 1990
Pour le dessert, Jean-François D. décide de frapper un grand coup en ouvrant le plus prestigieux liquoreux au Monde. Le nez se montre assez discret avec des notes de soufre relativement prégnantes. La bouche s’avère extrêmement nette. Toutefois, on semble plus avoir à faire à un vin passerillé - doté d’un soupçon de sucre pâteux - qu’à un liquoreux au sens strict du terme.
D’aucuns évoquent les limites du millésime. D’autres la prééminence de certains vins de chenin…